Mon histoire, dans mes mots

par Michelle Latimer

Michelle Latimer
24 min readMay 14, 2021

Les mots ont un pouvoir. Qu’ils soient écrits ou parlés, ils peuvent unir comme ils peuvent diviser. À la lumière des récents questionnements à propos de mon identité, je ressens le besoin de partager mon histoire, pour ma propre survie, pour mon estime personnelle et pour tous ceux et celles dont les Vies et les carrières ont été bouleversées par des allégations similaires. J’ai espoir qu’en parlant je pourrai clarifier certaines questions qui m’ont été posées et peut-être contribuer à une réflexion plus large au sujet de la complexité à déterminer l’identité autochtone à travers l’Île de la Tortue.

Contrairement à ce que les médias ont diffusé, durant mes 22 ans de carrière professionnelle et artistique, je n’ai jamais hésité à m’identifier comme Sang Mélée (Métisse) d’ancêtres algonquins et canadiens français. J’ai toujours été transparente à propos de ce que je sais de mes racines algonquines / canadiennes françaises et, jusqu’à l’automne 2020, il ne m’a jamais été demandé de fournir des ‘’preuves’’. Donc, quand on m’a demandé de spécifier ma communauté d’appartenance, j’ai nommé la communauté la plus connue pour situer les origines de l’histoire de ma famille. Quand mes dires ont été remis en question par un représentant de cette communauté, j’ai entrepris de sérieuses démarches de recherches, incluant contacter directement la communauté et me retirer temporairement de mes responsabilités et de mon travail pour mener à bien cette enquête.

J’avais confiance qu’on me laisserait le temps de mener à bien ces recherches. Mais ça n’a pas été le cas. Au contraire, après l’article qui questionnait mon identité, publié par CBC le 17 décembre 2020, les allégations à mon sujet ont été diffusées sans relâche au cours d’une tempête médiatique : les ‘’questions’’ à propos de mon identité sont vite devenues des affirmations déclarant que j’étais une ‘’fausse autochtone’’ usurpatrice d’identité, avec comme résultat des conséquences dévastatrices.

Durant ces quatre derniers mois, j’ai répondu à ce qu’on attendait de moi, et j’ai entrepris un profond et personnel processus de recherches. C’est un processus qui ne cadre pas dans le temps ‘’tout de suite et maintenant’’ des réseaux sociaux et dans la réponse immédiate aux jugements faits sur Twitter et Facebook. Les chemins pour prouver notre ascendance peuvent être compliqués et impliquent de nombreuses analyses comparatives et doubles vérifications — pour ceux d’entre nous assez chanceux d’avoir accès à de la documentation- ou qui ont un clan familial ou des aînés de communautés qui peuvent relayer ou confirmer l’histoire orale de la lignée. De par sa nature, ce processus de recherche implique de bâtir des relations et des communications respectueuses. C’est un processus qui demande du temps.

Je crois fortement que ce processus personnel de recherche d’ascendance autochtone n’est pas d’ordre public ou médiatique. Cette discussion à propos de mon identité a apporté peur et destruction au sein de la grande communauté autochtone, ainsi qu’à moi personnellement et à ma famille. Je ne souhaite cela à personne. J’espère sincèrement que ce dialogue douloureux puisse nourrir une guérison, une compréhension et une plus grande compassion les uns pour les autres.

Mon Ascendance Autochtone

Ma lignée maternelle est composée d’algonquins non-statués métissés sur plusieurs générations avec des Canadiens français de la vallée de la Gatineau, au Québec.¹ Du côté de ma mère, j’ai retracé mes lignées algonquines à la fois de par ma grand-mère et de par mon grand-père. Du côté de mon père, les ancêtres sont d’origine canadienne française, irlandaise et écossaise.²

Ma mère et moi à Thunder Bay, où j’ai grandi

Je me suis toujours identifiée comme une personne ayant un héritage mixte, spécifiquement Métis, Algonquin et Canadien français. J’ai grandi à Thunder Bay Ontario, même si toute la famille de ma mère vient de Maniwaki, un village situé dans l’Ouest du Québec et qui s’est développé à partir de 1850, en même temps que la réserve indienne Algonquine (délimitée par les rivières de la Gatineau, rivière Désert et rivière de l’Aigle). Notre famille a des liens historiques autant avec Maniwaki qu’avec la communauté historique du Baskatong.

Mon grand-père maternel, Walter Gagnon, m’a enseigné l’histoire de ce territoire et notre lien à celui-ci, à travers les histoires et les savoirs qui lui ont été transmis par ses propres parents. Ses parents, et mes arrières grand-parents, l’ont élevé lui et toute la famille à Baskatong, Québec, une communauté historique connue pour sa population métisse et algonquine. Même si Baskatong a été détruit en 1927, cette communauté faisait partie d’une diaspora, une large communauté régionale composée de Métis et d’Indiens non statués de la vallée de la Gatineau.³

Le village de Baskatong était situé à environ 70 km au nord de la réserve indienne officiellement nommée Rivière Désert et désignée comme la Réserve de Maniwaki # 18, mieux connue dans la région comme étant la réserve de Maniwaki. La ville voisine de la réserve, aussi appellée Maniwaki, s’est développée en même temps, sur des terres qui faisaient originalement partie de la réserve. Le conseil de bande a changé le nom de la réserve pour Kitigan Zibi Anishinabeg en 1991.⁴

Mes ancêtres Gagnon, du côté de ma mère, sont arrivés bien avant dans la région de Maniwaki. Avant eux, un bon nombre de mes ancêtres algonquins ont été recensés à la mission établie au Lac des Deux-Montagnes (Oka) en 1721. Deux générations de mes ancêtres directs peuvent être trouvées dans les registres du Lac des Deux-Montagnes, vers fin 1770 / début 1800, et dont les enfants se sont installés hors-réserve au début 1900, près de Maniwaki.⁵

Mon héritage mixte Algonquin et Canadien-français, en particulier, s’est trouvé renforcé pendant plus de 5 générations de cohabitation et d’intermariages entre Algonquins et Canadiens-français sur le territoire algonquin non-cédé de l’ouest du Québec, qui plus tard s’est étendu au-delà de la rivière Outaouais dans les territoires nord-est de l’Ontario. Par la voie colonisatrice des noms de famille paternels, nous sommes des Gagnon, Gravel, Lavoix, Pichette et plus encore. L’existence de la communauté mixte d’où mes ancêtres sont issus était connue autant de l’Église catholique de la région que du gouvernement fédéral de l’époque.⁶

De 1870 à 1927, les missionnaires Oblats de Maniwaki ont servi à ‘’la mission indienne’’ de Baskatong. Cette petite communauté de sangs mêlés, non documentée, a vécu de la forêt dans ses propres campements, travaillant et partageant avec les autres chasseurs et voyageant de façon saisonnière à travers tout le territoire. Selon les aînés Algonquins à qui j’ai parlé, mes ancêtres étaients considérés comme des squatteurs par les villageois des environs, et étaient appellés ‘’les hommes des bois’’ par les Algonquins de la réserve, qui reconnaissaient que ces hommes, comme bien d’autres algonquins, s’étaient retirés dans les territoires traditionnels non-cédés. Dans le cas de ma famille, c’est sur le territoire au nord de la ville et la réserve de Maniwaki.

La grande majorité de ces Algonquins non-statués et de ces ‘’Sangs mêlés’’ n’avaient pas le droit ou n’avaient pas l’intérêt d’aller vivre sur la réserve de Maniwaki dans les années 1920. Selon la discrimination de genre dans la Loi sur les Indiens (1876), les femmes Algonquines ou Métisses qui étaient en relation avec des hommes non-algonquins se sont vues forcées de quitter la réserve, choisissant souvent de vivre pas trop loin, dans le village de Maniwaki ou dans les environs, comme à Baskatong. Les enfants de ces femmes ont été déclarés non-statués. Par le biais d’intermariages avec des statués, des non-statués ou des Métis, ces générations sont éventuellement devenues un groupe Métis disctinct dans les environs de Maniwaki et à travers le territoire.⁷ Ceci inclut la communauté de Baskatong, là où mon grand-père et les siens ont vécu jusqu’à ce qu’ils soient expulsés et forcés d’évacuer quand le gouvernement du Québec, en partenariat avec une société privée, a inondé toute la région pour créer un immense réservoir pour des barrages hydro-électriques.⁸

Les noms de famille de mes ancêtres, comme les Lacroix, se retrouvent dans les recensements de Kitigan Zibi et des photos des membres de notre famille sont exposées sur la page des faits historiques du site de la réserve de Kitigan Zibi Anishinabeg.⁹ Je suis la descendante directe d’une groupe d’autochtones dispersés en amont de la réserve, à Baskatong. Le village historique de mon grand-père se trouve maintenant sous l’eau de ce qu’on appelle aujourd’hui le Réservoir du Baskatong, Québec.

Une photo des membres de ma famille, publiée sur la page historique du site internet de la communauté de Kitigan Zibi Anishinabeg

Le frère jumeau de mon arrière grand-père, William Gagnon, a marié Cecilia Natowesi, la fille métissée de Mani Jacko Natowesi Kiskanokwe. Ce mariage me place par liens de parenté avec l’aînée algonquine statuée de Kitigan Zibi, Annie Smith St-George, une leader du monde artistique autochtone et ancienne sage aînée du Centre National des Arts.¹⁰ Annie est la grande-nièce biologique de l’aîné et leader spirituel William Commanda (1903–2011). William Commanda lui-même reconnaissait l’importance d’une union entre les Métis du Québec, les Premières Nations et les Québécois pour bâtir des ponts de co-existence interculturelle.¹¹

Un expert généalogiste avec qui j’ai travaillé est en mesure de prouver qu’un grand nombre de membres de la communauté de Baskatong, y compris des membres de ma famille, sont inscrits autant dans les registres de recensements de Baskatong que dans ceux de Kitigan Zibi, avec en cause tous les mouvements humains entre les deux communautés qui ont créé tant de liens familiaux et d’échanges culturels. Ces liens historiques ont été documentés dans de nombreux textes de recherche.¹² La complexité des lois gérant les relations et les identités reconnues, la migration des individus et des communautés sous le régime colonialiste, l’ère industrielle qui s’est répandue et les politiques assimilatrices du gouvernement ont toutes contribué, de part et d’autre, à effacer nos liens familiaux et nos histoires communes.

Le colonialisme a déchiré, divisé et tenté d’effacer les peuples autochtones. Pour assurer leur survie, plusieurs ont été forcés de cacher leurs enfants, leur nom et leur identité. Le racisme a créé et imposé une honte si profonde que, s’ils pouvaient passer pour des blancs, plusieurs non-statués, métissés ou Métis s’identifiaient comme Canadiens-français pour survivre. L’histoire de nos familles et la tradition orale qui se sont transmises de génération en génération sont une preuve vivante de cette résistance face à cet effacement politique et culturel.

Aujourd’hui

À l’automne 2020, les producteurs qui m’ont invitée à diriger le documentaire Inconvenient Indian m’ont demandé de préciser mes liens avec une communauté autochtone avant le lancement du film.¹³ J’ai nommé Kitigan Zibi. C’est la référence historique et légalement reconnue la plus proche de ce qui peut représenter cette lignée de ma famille, soit des ancêtres qui n’ont pas été forcés à l’évacuation ou à la dispersion sur le territoire.

Il n’a jamais été dans mon intention d’être perçue comme une membre inscrite ou une autochtone statuée de la communauté de Kitigan Zibi. En nommant cette communauté, mon intention était de simplement situer géographiquement les origines de mon identité puisque, preuves à l’appui, je suis en lien direct avec l’histoire complexe et la réalité culturelle des ‘’Algonquins sang-mêlés’’ ou de la population métisse de la vallée de la Gatineau. Mes propos, pour expliquer cette complexité, ont été interprétés comme étant une tentative de ma part de me fabriquer ou de m’approprier une fausse identité pour avantages personnels.¹⁴ C’est totalement faux.

Mon Histoire Personnelle

J’ai été élevée dans une famille modeste de travailleurs cols-bleus à Thunder Bay, une ville d’Ontario reconnue pour son évident racisme systémique. Durant mon enfance, j’ai appris sur mon héritage et ma culture par mon grand-père, qui a été un guide de chasse et pêche pour la majorité de sa jeunesse. Son savoir et son respect pour le territoire est un cadeau qu’il m’a transmis et qui continue de définir la personne que je suis aujourd’hui.¹⁵

Mon grand-père à Baskatong

Au cours de la dernière année de mes études collégiales, j’ai appliqué pour un programme de théâtre et j’ai été admise à l’Université Concordia à Montréal. J’ai occupé plusieurs petits emplois d’été pour payer mes études. J’ai obtenu mon baccalauréat en Beaux-Arts avant de déménager à Toronto dans l’espoir d’y travailler en tant qu’actrice. Dans les années qui ont suivi, j’ai travaillé autant avec des acteurs autochtones que non-autochtones dans différentens productions théatrâles.

C’était au début des années 2000, à l’époque où matériellement rien ne pouvait être obtenu par le biais de ressources ou de programmes de financement en s’identifiant comme une personne autochtone. Au contraire, s’identifier comme autochtone était, à l’époque, vu comme un acte de défi, de solidarité et de résistance.

Avec le temps, je me suis rendue compte qu’il était beaucoup plus stimulant pour moi de faire naître une histoire en étant derrière la caméra. Je pouvais réaliser des films sur des sujets qui me tiennent à coeur. J’ai mis de côté mes aspirations d’actrice pour devenir productrice à temps plein. Comme je ne pouvais pas en vivre, j’ai occupé différents emplois avant de tailler ma place dans les programmes de festivals de films indépendants. En 2008, j’ai été engagée à titre de programmatrice associée pour le festival de films ImagineNATIVE où j’ai travaillé à contrat pour plus de 6 ans. Ce n’était pas payant, mais c’était un bon moyen d’apprendre et de supporter d’autres artistes autochtones dans leur travail.

Un de mes premiers court-métrages ‘’Choke’’ (2010) racontait l’histoire d’étudiants autochtones à l’école Dennis Cromarty qui devaient prendre l’avion jusqu’à Thunder Bay pour recevoir une éducation au secondaire.¹⁶ Plusieurs de ces jeunes autochtones en ont arraché et certains ne sont jamais rentrés chez eux vivants. Raconter les histoires humaines à travers un film était un moyen de rendre visible les problématiques qui gangrénaient ma communauté nordique, et c’est devenu pour moi un but et une passion.

Tout au long de ma carrière, j’ai apprécié la liberté d’apprendre, de grandir et de connaître différents artistes autochtones. Collectivement, nous avons créé une communauté autochtone urbaine. Je me suis sentie soutenue dans cette communauté et j’ai trouvé sens et satisfaction à supporter les autres en retour. Comme plusieurs amis artistes que j’admire, je consacre beaucoup de mon temps à créer plus d’opportunités de représentation et d’autonomie à l’intérieur du grand paysage artistique. en ce sens, des organisations telles que Native Earth Perfoming Arts, ImagineNATIVE, The Liaison of Independant Filmmakers of Toronto, The National Film Institute et Women in Director’s Chair, ont toutes été des formes d’organisations professionnelles ou de l’industrie du film dans lesquelles je me suis engagée en y étant active de 2003 à 2020.

Durant cette période, je n’ai jamais vécu, de la part de qui que ce soit, la remise en question ou le doute sur mon identité ou mes origines. Je demeure une ardente militante pour la représentation et l’autonomie des autochtones à travers des documentaires et des histoires qui célèbrent leur culture, leur résilience et leur résistance.

Le campement Oceti Sakowin à Standing Rock, durant l’occupation contre le Dakota pipeline en 2016

C’est à la fois un grand honneur et une grande responsabilité de raconter nos histoires — une responsabilité que je ne prends pas à la légère. Je n’ai jamais été aussi consciente de ce fait que le jour où j’ai joint l’occupation de résistance de la nation Sioux à Standing Rock, en opposition au pipeline Dakota Access, dans le cadre du tournage de la série ‘’Rise’’ pour la chaîne Viceland.¹⁷

Pendant 9 mois, j’ai travaillé avec une petite équipe pour documenter les grandes lignes d’une protestation pacifique qui s’est transformée en zone de guerre. Ce projet a unit des autochtones de partout, à travers leurs histoires, leurs origines territoriales et leurs idéologies. Pendant que certains d’entre eux se plaçaient debout face aux bulldozers, aux tireurs et aux tanks, nous sommes tous devenus conscients de la nature de notre sacrifice. Être présente à Standing Rock a changé ma vie et m’a appris la valeur de ce que veux dire de se tenir debout- de vraiment se tenir debout- solidement, pour ce en quoi nous croyons.¹⁸ Mni Wiconi. L’eau c’est la Vie.

Comme bien des artistes, c’est à travail mon travail que j’ai appris à me connaître et à connaître les autres. C’est à travers ce travail que l’identité, la culture et la communauté ont fusionné jusqu’à devenir un engagement. C’est ce qui m’a rendu difficile de comprendre les dernières accusations contre moi alléguant que j’ai assurément volé à la communauté artistique autochtone.

Je serai très claire sur ce point : je n’ai jamais appliqué pour une subvention pour laquelle je ne répondais pas aux critères d’admissiblitié. Toutes mes productions qui ont reçu des subventions spécifiques aux autochtones ont été étudiées et approuvées par des professionnels, des administrateurs autochtones bien établis et /ou par des artistes du milieu cinématographique.¹⁹

Contribuer à la communauté

J’ai travaillé fort pour redonner à la communauté artistique autochtone, tel que je l’ai toujours appris. J’ai engagé des dizaines d’autochtones derrière les caméras, j’ai mentoré des artistes autochtones émergents, j’ai millité pour une plus grande représentation des femmes et des personnes autochtones dans le secteur du film et de la télévision.

Durant la production de Trickster, en équipe avec mes collègues productrices excécutives Jennifer Kawaja et Julia Sereny, nous avons travaillé dur pour instaurer une politique d’embauche qui permet une représentation à 40% d’autochtones dans tous les départements de la production. Aucun diffuseur national à ce jour, tel que CBC, n’avait adapté le travail fait par un auteur autochtone et réalisé par une équipe d’autochtones représentés à tous les niveaux de la production. Nous avons filmé en territoires autochtones, créant ainsi des opportunités économiques pour les communautés nordiques. Nous avons formés de jeunes talents autochtones et avons soutenu trois femmes directrices autochtones, avec comme but de les former pour la direction de séries télévisées. Nous avions comme objectif d’engager 50% de personnel autochtone durant la 2e saison et aider à la promotion d’une des directrices en formation, tel qu’a toujours été notre plan au départ.²⁰ Le fait que la série a été annulée est une monumentale ironie.

L’impact de la cancel culture

L’article d’abord publié par CBC en décembre 2020, des articles subséquents puis le délire qui a suivi dans les réseaux sociaux, ont tous apporté un temps difficile et éprouvant pour la communauté autochtone. La situation m’a profondément blessée, personnellement et professionnellement, en questionnant non seulement la validité de mon identité, mais aussi celle de mon honnêteté, de mon sens moral et de mon intégrité. On ne m’a pas accordé le temps nécessaire pour répondre de façon éclairée et réfléchie et je suis devenue la cible d’une violente attaque sur les médias sociaux.²¹

Au cours des derniers mois, j’ai reçu des messages haineux et des menaces de mort. J’ai été accusée à tort d’avoir moi-même annulé la série Trickster. J’ai démissionné de mon poste de production dans l’espoir que les choses continueraient sans moi, avec d’autres personnes à la barre. Et, contrairement aux rumeurs, je n’ai jamais empêché la production d’aller de l’avant et je n’ai eu aucune implication dans la décision d’arrêter la diffusion de la série.

L’Office national du Film a retiré le documentaire Inconvenient Indian de la programmation du Sundance and Berlin Film Festival et a annulé le contrat de distribution avec la compagnie Array, d’Ava Duvernay. La contradiction dans cette situation est que toutes les années passées, à promouvoir ces productions dans les médias auprès du grand public, ont été réduites au silence.

Mon travail, souvent fait en collaboration — et en célébration — avec des artistes autochtones a été réduit à néant et effacé de la distribution. Les prix gagnés pour l’ensemble de mon oeuvre — et non pour une quelconque identité autochtone — m’ont tous été retirés. Le Canadian Screen Award a unanimement voté pour disqualifier la série Trickster de la catégorie ‘’meilleure série télévisée’’, une décision qui a sapé le travail de plus d’une centaine de talents autochtones et non-autochtones qui ont contribué à la réalisation de la série. Quand j’ai demandé des explications à propos de cette disqualification tout en proposant de fournir des preuves documentées, on m’a dit que l’information autour de cette décision était ‘’confidentielle et finale’’.

Parce que CBC a consulté une généalogiste qui a rapidement remis en question mon identité, en se basant sur des interprétations et des opinions sur mes lignées familiales, je réponds donc en fournissant des faits vérifiables et documentés, ainsi que des recherches ethnographiques et généalogiques professionnelles. Ces documents font preuve de mon ascendance autochtone et prennent en considération mes liens de parenté ainsi que mes liens culturels et historiques, pour une vision plus juste et plus globale de mon identité.

J’ai pu valider, à travers une sérieuse documentation écrite, ce que j’ai toujours su être vrai. Ces lignées ont été étudiées et approuvées par au moins deux organisations métisses contemporaines représentant les intérêts des Métis et des Indiens non-inscrits, ouvrant pour moi la possibilité de faire une demande d’adhésion en tant que membre.

J’ai été critiquée d’avoir demandé à faire ma généalogie, en étant accusée d’en avoir besoin pour savoir qui je suis. Je l’ai fait parce que certaines de mes lignées généalogiques ont été publiées publiquement et ont servi de base à la discussion plus large sur mon identité.²² Je suis d’avis que la culture d’une personne ne devrait pas être réduite à la généalogie seulement. Le concept de blood quantum (pourcentage de sang autochtone) est une construction colonialiste qui cause d’importants préjudices et qui sert ultimement à éradiquer toute forme d’identité autochtone.²³

Comment définir l’autochtonie?

Qu’est-ce qui fait qu’une personne est autochtone et qu’est-ce qui définit l’autochtonie? De façon plus significative, qui peut la définir? Si on demande ‘’Qui peut légalement se dire autochtone?’’, nous devons définir ce que veut dire être autochtone à travers des critères bien précis. Or, concrètement, ces critères ne sont pas si évidents. Si ces critères étaient définis et imposés à tous, j’ai bien peur qu’ultimement, l’identité d’un grand nombre de personnes autochtones risquerait d’être effacée. Il suffit simplement de regarder La Loi sur les Indiens pour en avoir la preuve.²⁴

Un grand nombre de personnes qui se disent autochtones sont issues d’un héritage mixte, donc quels apects de ces individus devont nous prendre en compte pour les reconnaître officiellement comme autochtones? Est-ce que c’est le pourcentage sanguin, les liens de parenté, la pratique culturelle, les liens ancestraux ou bien une carte de statut qui décide de l’identité autochtone? Est-ce que c’est l’habileté à parler la langue d’origine, le fait de vivre sur les terres ancestrales ou est-ce la pratique de cérémonies traditionnelles? Ou est-ce le niveau de traumatisme?

Il est souvent dit qu’une personne qui n’a pas souffert de traumatismes en tant qu’autochtone n’est pas assez autochtone, comme si la capacité de résilience n’était pas individuelle et subjective. Comment peut-on prétendre évaluer le degré de traumatisme ou de résilience d’un autre individu? Mes ancêtres ont assuré la survie des leurs en mettant de côté ce lien traumatique avec la communauté. Mes grands-parents ont déposé en moi une fierté de qui nous sommes. Je suppose qu’ils ont agi ainsi dans l’espoir qu’un jour, je pourrais parler de notre véritable héritage. Nous ne pouvons pas éternellement relier le traumatisme à l’identité autochtone si notre but ultime est de créer une monde où les prochaines générations seraient libérées des douleurs passées, capables de marcher avec force et confiance.

Les effets de cette police identitaire sont dévastateurs pour plusieurs communautés autochtones, en particulier dans le milieu artistique et académique.²⁵ J’aimerais imaginer un futur où nous pourrions dialoguer de façon productive et respectueuse, où tous auraient la chance d’évoluer à un niveau communautaire, à travers toutes les nuances de la question identitaire. La cruauté et la violence psychologique de la cancel culture n’ont leur place dans aucune communauté, qu’elle soit autochtone ou non. Les discours haineux, la misogynie, les accusations et les interprétations fausses sur l’histoire personnelle d’une personne sont des comportements dangereux. Attaquer quelqu’un sur la base du blood quantum soutient et sert le colonialisme. Ce type de comportement détruit des vies — des vies que nous avons si fort travaillé à préserver, réclamer et célébrer.

Si le contraire d’humilier l’autre est de lui être empathique, alors nous devrions nourrir et soutenir nos relations en reconnaissant que nous sommes tous interreliés en tant qu’êtres humains. Il y a une raison pour laquelle bien des autochtones prononcent cette phrase dans leurs prières de cérémonie : À tous mes ancêtres.

Le voyage vers la compréhension de son identité est la quête de toute une vie. De là vient notre histoire. Le chemin peut être à la fois douloureux et heureux, il est en perpétuelle évolution, forgé à la fois par notre passé et par nos expériences du présent. Peu importe le chemin car en bout de ligne, nous revenons toujours au point de départ — tout près de nos ancêtres.

Comme mes ancêtres avant moi et comme m’a mère me l’a transmis, je sais qui je suis, je sais qui j’ai toujours été et je sais qui je continuerai d’être : je suis une soeur, une amie, une fille, une conjointe, une collaboratrice, une camarade. Je suis une artiste et une activiste, une Algonquine non-statuée, une Métisse d’héritage canadien-français. Et je ne m’excuserai pas d’être qui je suis.²⁶

[1] Mes racines ancestrales sont en lien avec l’histoire de la population métisse algonquine / canadienne française de Baskatong, dans la région de Gatineau, Québec. Mes lignées familiales directes ont été vérifiées par de nombreux généalogistes professionnels qui ont relevé les évidences historiques de références documentaires. Ces lignées ont également été étudiées et font partie des lignées ancestrales reconnues pour une possible demande d’adhésion auprès d’au moins deux organisations métisses qui représentent les intérêts des Indiens non-statués et des communautés métisses au Canada.

[2] J’ai grandi en comprenant que les lignées ancestrales de ma mère était le fondement de notre identité familiale. Il m’a été dit que les ancêtres de mon père étaient canadiens français. Le travail récent de recherche avec des généalogistes professionnels a révélé des lignées irlandaises et écossaises du côté de mon père. Toutefois, cet héritage et ses possibles apports culturels n’ont pas joué un rôle dans le construction de mon identité, puisque je n’ai pas eu connaissances de ces racines européennes jusqu’à tout récemment.

[3] L’existence de la communauté métisse régionale (les Métis d’Outaouais) de la vallée de la Gatineau était connue par le gouvernement, qui a refusé, en 1896, de laisser les Métis de la vallée de la Gatineau rejoindre la réserve de la Temiscaming (au nord de Baskatong), tel que le père Nédélec le demandait (Bouchard, Malette, Marcotte, Bois-Brûlés, BC, 2020, p.118–123)

[4] 19 avril 1991 — numéro d’enregistrement 134802 ‘’ la réserve change son nom pour ‘’Kitigan Zibi Anishinabeg’’

[5] Tel que prouvé par des documents officiels, registres de mariage.

[6] L’existence de la communauté à laquelle mes ancêtres appartiennent était connue de l’Église catholique, tel qu’attesté par Mgr Lorrain qui était en charge de la région de Pontiac, qui témoigne que ‘’nous trouvons quelques blancs, des sauvages (indiens) et des métis qui sont nombreux dans le diocèse d’Ottawa, sur la Gatineau (qui mène à Baskatong) et la rivière La lièvre’’ (Bouchard, Malette, Marcotte, Bois-Brûlés, BC, 2020, p.182).

[7] Stephan Mcgregor, dans son livre Since Time Immemorial : Our Story. The Story of Kitigan Zibi Anishnabeg (2004, p.216) atteste également de la présence de ce peuple, quand il statue que ‘’ les Algonquins se sont joint aux Métis, aux Irlandais aux et bûcherons écossais’’.

[8] ‘’En outre, de 1870 à 1927, un petit village peuplé d’Algonquins, de Métis et d’Euro-canadiens s’est établi aux sources de la rivière Gatineau, au lac Baskatong. En 1929, le village est disparu sous les eaux avec la mise en service du barrage Mercier et la création du présent Réservoir Baskatong’’ (Bouchard 1980, p. 86–88)

[9] Sur le site de Kitigan Zibi : http://kzadmin.com/PhotosHistoric.aspx# (Page 3, photo #1)

[10] Post Facebook publié par Annie Smith St-Georges ‘’Elle est la petite nièce de mon grand-père et de ma grand-mère qui viennent de Michomis Baskatong, Qc’’

[11] Le Devoir, 24 mai 1973, p. 4. William Commanda, Algonquin, reconnaît publiquement les Métis de sa région, dans l’ouest du Québec.

[12] L’anthropologue Jacques Frenette décrit la communauté de Baskatong comme suit : ‘’Un petit village peuplé d’Algonquins, de Métis et d’Euro-canadiens s’est établi aux sources de la rivière Gatineau, au lac Baskatong. En 1929, le village est disparu sous les eaux avec la mise en service du barrage Mercier et la création du présent Réservoir Baskatong. Les familles algonquines qui se rassemblaient au village en été, notamment les Smith, Tolé et Carl, se sont ensuite relocalisés à la réserve de la Rivière Désert et sont considérés comme parents d’une communauté affiliée.’’ (Frenette, 1993, p.43)

[13] J’ai mentionné Kitikan Zibi pour la première fois dans ma biographie, quand mes producteurs m’ont demandé de spécifier ma communauté autochtone d’origine à l’occasion de la première du film Inconvenient Indian, qui devait être présenté au Festival de Film de Toronto. L’annonce de mon lien à cette communauté à été publié en ligne sur le site de l’Office National du Film en septembre 2020.

[14] ‘’Aucun individu, attiré seulement par l’appât du gain, ne serait motivé à relever l’intense défi psychologique de se réclamer une identité qui a été historiquement aussi marginalisée, dans des limites aussi controversées. Plusieurs algonquins non-statués font leur chemin dans leur ‘’indianité’’ malgré les difficultés — non pas par gain personnel, mais parce que leurs familles, vivant sans territoire et dans un environnement raciste, n’ont pas pu réclamer entièrement leur identité algonquine ou la laisser complètement derrière eux.’’ (Bonita Lawrence, Fractured Homeland : Federal Recognition and Algonquin Identity in Ontario, 2012, p.95).

[15] J’ai toujours cru que si je prends soin de ma relation à la terre, tel que l’on m’a enseigné de le faire, je pratiquerais et porterais ma culture et mon identité et que cet enseignement fondamental me porterait, peu importe où je vis et où je travaille. ‘’En l’absence de pratique de la langue et de connexion au territoire, les peuples autochtones sont vulnérables aux notions identitaires imposées par le gouvernement, qui porte attention sur ce que signifie d’être autochtone plutôt que de ce que signifie d’être connecté au territoire’’ (Bonita Lawrence, Fractured Homeland : Federal Recognition and Algonquin Identity in Ontario, 2012, p.194).

[16]https://www.thestar.com/news/canada/2011/05/08/seven_native_teens_dead_or_missing_while_away_at_school.html

[17] https://www.nytimes.com/2017/01/26/arts/television/vicelands-rise-relives-the-dakota-access-pipeline-protests.html

[18] J’ai donné une conférence Ted Talk à propos de mon expérience à Standing Rock pour partager à quel point cette expérience a solidifié mes croyances et mes valeurs pour aller de l’avant. https://www.ted.com/talks/michelle_latimer_lessons_from_the_land_peace_through_relationship

[19] Tout en restant fidèle à mon héritage, je souhaite être transparente au sujet des subventions que j’ai reçues du Conseil des Arts et corriger ce qui a été diffusé à ce sujet dans les médias. La dernière subvention de 15 000$ que j’ai reçue venait du Conseil des Arts de l’Ontario, en 2014. Je me suis retirée d’un projet féminin de scénarisation collective pendant que je menais à bien cette recherche de vérification de mon héritage. Il serait bien de noter que toutes les subventions ou les bourses mentionnées par CBC dans l’article du 17 décembre 2020 proviennent toutes des États-Unis (en aucun cas liées aux fonds publics canadiens) et qu’aucune de ces subventions ou bourses n’étaient accordées sur la base d’une identité autochtone. Le prix Chicken and Egg (qui, contrairement à ce que rapporte CBC, n’est pas en relation avec le Sundance Institute), est accordé à une cinéaste de documentaire en milieu de carrière. En ce qui concerne les prix canadiens, mon court-métrage, The Underground, a reçu le prix du meilleur court-métrage au festival ImagineNative en 2014. L’équipe de production incluait trois producteurs autochtones qui étaient élligibles à recevoir ce prix indépendamment de mon lien avec eux en tant que directrice. Mis à part ce dernier prix, et au meilleur de ma connaissance, mes films n’ont jamais reçus de prix accordés spécifiquement à des productions autochtones.

[20] Au cours de la première saison, la série Trickster a embauché 40% de personnel autochtone dans tous les départements de production. Le programme incluait des postes rémunérés autant pour les stagiaires que pour le personnel profesionnel. Les producteurs ont pris ce budget à même les fonds de production, ce qui veut dire que des fonds réservés aux frais de production ont servi à payer la formation de stagiaires autochtones. Les syndicats ont accueilli de nombreux nouveaux membres autochtones, favorisant ainsi pour eux les opportunités de trouver du travail en dehors de la production de la série Trickster.Pour la deuxième saison, les opportunités d’emplois pour des autochtones ont augmenté grâce à la promesse d’un plus grand financement, suite au succès de la première saison.

[21] Malgré de nombreux messages emails envoyés à CBC News et à la direction éditoriale pour me renseigner sur leurs pratiques éthiques et journalistiques, je n’ai pas eu le temps de m’engager de manière significative et communautaire, loin des médias. Il me fallait du temps pour communiquer et rejoindre des Aînés de Kitigan Zibi et le processus s’est compliqué dans le contexte de la COVID-19, avec un grand nombre d’archives historiques et communautaires fermées aux visiteurs pour respecter les consignes sanitaires en vigueur.

[22] Les personnes ciblées sont placées dans une position impossible. On ne leur fournit pas le matériel de recherche ni les sources. Le privilège journalistique est utilisé pour matraquer l’identité des personnes et le résultat est une humiliation publique brutale et injustifiée. En général, lorsque la cible est une femme, elle démissionne de son poste pour éviter tout conflit. Lorsque l’histoire orale est dénigrée, les personnes ciblées peuvent avoir besoin de plusieurs années et de ressources en temps et argent pour monter une défense concise. Mais qui les croirait à ce stade? Un expert s’est prononcé (et ils interviennent à nouveau même lorsqu’elles se défendent). (Daniel Voshart, CBC’s Misuse of Genealogy to Attack Indigenous Identity, sur la plate-forme Medium, Avril 2021)

https://voshart.medium.com/cbcs-misuse-of-genealogy-to-attack-indigenous-identity-a6dec9edcb69

[23] ‘’Dans toutes les sphères de la société canadienne, la vision hégémonique prétend que l’indianité est biologique, définie essentiellement par le sang et réglementée par la Loi sur les Indiens, et que le degré de sang indien correspond au statut autochtone, qui lui correspond au degré de pureté culturelle. Pour la plupart donc, la survie de l’identité autochtone inplique un processus de résurgence…Toutefois, la résurgence fait aussi référence à l’intense combat des autochtones non-statués pour faire reconnaître leur identité, pour apprendre davantage sur leurs propres traditions et pour développer une fierté en eux-mêmes.’’ (Bonita Lawrence, Fractured Homeland : Federal Recognition and Algonquin Identity in Ontario, 2012, p.114–115).

[24] Le conditionnement par rapport à la vision que nous avons de nous-mêmes — comme étant des individus distincts- et le contrôle sur notre identité et sur nos actions dans les réalités imposées par les colonisateurs, est maintenu par les limites imposées à notre auto-identification par l’état colonial. Se sortir de ce système générerait une énorme pouvoir collectif dans l’union de nos voix, dans la force du nombre et dans l’utilisation de nos propres ressources. Ce concept d’identité élargie s’est tissé à partir des enseignements traditionnels, mais a été perdu dans la vision restrictive, colonialiste et étroite du soi et du communautaire qui nous a été imposée pour briser la solidarité des nations Onkwehonwe sur leurs territoires traditionnels.’’ (Taiaiake Alfred, Wasase: Indigenous Pathways of Actions and Freedom, 2005, p. 144)

[25] Nous devons être consicents de la façon par laquelle les politiques identitaires créent de profondes divisions entre les différentes collectivités d’individus qui se battent, pour la plupart, pour se sortir de la pauvreté et des injustices historiques. La division, plutôt que l’unification, nous a rabaissé exactement là où on souhaite nous restreindre pour permettre au système colonialiste de rester tout puissant et monétairement avantagé’’. (Suzanne Keeptwo, We All Go Back to the Land : The Who, Why, and How of Land Acknowledgements, 2021, p.166)

[26] Tel que je l’ai mentionné plus haut, je crois que le processus personnel de recherche identitaire n’est pas destiné à la publication publique et médiatique. Si, dans le futur, des institutions culturelles demandent que tous les artistes autochtones fournissent des preuves et montrent leurs documents dans le cadre de critères d’admission, je serai heureuse de présenter cette information précise, basée sur des recherches faites et vérifiées par un expert généalogiste et un ethnologiste qualifié, dont les conclusions sont approuvées par des Aînés et des Gardiens du savoir de la région de Maniwaki dans l’ouest du Québec.

Texte original In my Own Words, par Michelle Latimer

Traduction française par La Métisse

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Michelle Latimer

Michelle is a filmmaker, showrunner, writer and activist. Her goal is to use film and media as a tool for social change.